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Planification des cultures : méthodologie

L’hiver est l’occasion de mettre au point la planification des cultures de l’année prochaine.

La planification permet d’établir une stratégie pour l’année entière. Elle s’effectue habituellement lors des mois où l’activité est la plus réduite, généralement en décembre et janvier.

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Benjamin, chef de culture sur la ferme, planche sur les plans

Elle permet aussi de mettre en œuvre certains principes de permaculture : « intégrer plutôt que séparer » : nous intégrons à la planification des associations de cultures bénéfiques mutuellement ; « valoriser la diversité » : la plupart des familles de légumes sont représentées avec une diversité de variétés. Ainsi, si une maladie touche une variété de légumes, son impact sera mineur sur les récoltes globales puisque « nous n’aurons pas mis tous nos œufs dans le même panier » et que les autres cultures ne seront pas impactées.

Pourquoi planifier les cultures en maraîchage ?

Tous les maraîchers ne réalisent pas nécessairement de planification de cultures. Mais nombreux le font pour plusieurs raisons :

  • préparer la commande de graines et de semences à l’avance, réaliser les semis et les plantations au bon moment
  • prendre un moment et se poser pour faire le point sur ce qu’on a envie de cultiver, ce qui a marché et a moins bien marché la saison précédente, les nouveautés que l’on veut tenter, etc
  • s’assurer que la surface de terre préparée pour accueillir des cultures est suffisante
  • adapter la production aux débouchés commerciaux. Par exemple, si une ferme distribue des paniers de légumes (système AMAP par exemple), il est important d’échelonner la production de légumes variés sur toute l’année. En revanche, si une ferme livre à des restaurants qui ont des demandes en légumes très particulières, il faut cultiver en conséquence.
  • organiser le travail tout au long de l’année. Cette organisation est particulièrement utile lorsque plusieurs maraîchers travaillent sur la même ferme : la planification permet de bien se coordonner.

La méthode de la planification 2016 de la ferme de la Bourdaisière

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Nicolas, chef de culture de la ferme, construit les tableaux de planification

Etape par étape

Voici la méthode suivie au cours de l’hiver 2015 par Nicolas et Benjamin, nos deux chefs de culture :

Choix des légumes à cultiver et les quantités correspondantes

Pour cela, il a fallu passer par les étapes suivantes :
– données établies à partir d’un prévisionnel de composition en légumes pour 20 paniers d’AMAP récupéré dans un magazine.
– adaptation de ces données pour 120 paniers. 120 paniers à 20 € sur 40 semaines : environ 100 k€ de chiffre d’affaire prévisionnel (chiffre auquel sera ensuite appliqué un taux de perte habituel en maraîchage – 25 % – permettant d’atteindre un CA prévisionnel de 75 K€).
– modification de ces données avec une analyse nationale des légumes qui se vendent le mieux, ceux qui se vendent moins bien, etc.
– dernière modification apportée par rapport aux échecs / réussites sur la ferme et à ce qui s’est bien vendu ou pas la saison passée. Par exemple, les carottes et les tomates ont été des gros succès et seront donc produites en forte quantité.
– certaines cultures ont été abandonnées car manque de place dans les jardins : ex : radis noir, panais, etc. Il est décidé que les légumes seront mis dans quelques espaces « perdus » pour les proposer sur le stand de la vente à la ferme.

Utilisation d’une base de données de référence et application de quelques principes

Données sur les rendements : différentes sources d’informations sont utilisées dont un document synthétique du GAB Morbihan.
Quelques règles sont appliquées à la planification :
– les semis et les plantations sont échelonnés dans le temps pour une même culture pour permettre des récoltes bien réparties dans le temps et pour faciliter la vente.
– densification des cultures : tous les espaces sont utilisés au mieux, aucune planche n’est laissée vide.La planification rigoureuse permet cela ainsi que la succession entrecroisée des cultures. Ainsi, des cultures vont se croiser sur une même planche : pendant qu’une culture sera en phase de récolte, la prochaine sera déjà plantée ; par exemple, les courgettes vont être plantées en mars dans les navets en cours de récolte.
– changement de technique par rapport à saison passée pour la préparation d’une planche : utilisation de l’occultation par bâchage et passage de désherbeur thermique pour réaliser les faux semis. Objectif : gros gain de temps sur le désherbage, notamment sur les carottes. Cela permet de lancer plusieurs cultures en même temps et donc d’avoir un prévisionnel de CA plus élevé que l’année dernière. Le temps de bâchage pour chaque planche de culture doit être intégré à la planification.

Réalisation des tableaux de planification

Voir la fiche technique présentant tous les tableaux de la planification.

Les contraintes de notre méthode de planification

Quand une culture doit être récoltée selon la planification, elle doit être vendue car la culture suivante arrive juste derrière : peu de souplesse donc, la commercialisation doit suivre, on ne peut pas se permettre de laisser une culture plus longtemps en place que ce qui est prévu dans la planification.

Les rotations de culture

Règle spécifique appliquée à la parcelle ouest (présence de serres fixes) : rotation « à la Jean-Martin Fortier »
Il y aura en permanence en parcelle ouest : 3 jardins avec légumes dits racines et légumes dits verdure, 1 jardin de cucurbitacées, et 1 jardin de liliacées.
Un engrais vert sera installé tous les 3 ans sur chaque jardin : chaque jardin reçoit deux engrais verts sur 5 ans. A chaque fois, cet engrais vert est installé après les liliacées.
Rotation sur parcelle est : adaptée à la présence de deux serres mobiles avec 4 positions (voir la fiche sur les serres mobiles)
L’objectif important à appliquer est d’obtenir une rotation de 4 ans pour les tomates et d’intégrer avant chaque culture de tomates un engrais vert. Donc tous les jardins (en réalité, sous serre mobile, ce sont des demi-jardin) recevront un engrais vert tous les 4 ans.
Il y aura tout le temps sur la parcelle est : un jardin de liliacées, un jardin de racines verdure, un jardin de crucifères et un jardin de solanacées.

Les associations de cultures

Les associations de cultures sont expérimentées dans l’objectif principal de gagner de la place et d’optimiser l’occupation du sol. Par ex : pour les salades : il n’y aura jamais des planches composées uniquement de salades. Elles seront toujours aux pieds d’une autre culture : tomates, concombres, poivrons, ou haricots. Toutes les salades seront sous serre.
De même, les radis seront toujours sous serre avec les mêmes plantes que les salades et sous serre.
Petite association oignons / carottes testée en 2016.
Choux : des associations vont être testées, avec chou rave, salades et navets.
Protection des crucifères par le romarin : le romarin sera multiplié en pot et sera déplaçable d’une planche de choux à une autre pour tester ses effets d’éloignement de la piéride du chou. Aussi, tous les choux vont être couverts d’un voile contre les altises.
Au final, les associations de cultures sont assez ponctuelles car les cultures sont regroupées par famille sur une même planche ou sur un même jardin pour des raisons d’optimisation de l’arrosage : les légumes avec les mêmes besoins d’arrosage sont mis ensemble.

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Ce dossier a été réalisé par Horizon Permaculture